Démonstration scientifique de l'inéquité de l'évaluation actuelle et propositions pour une évaluation EQUIDURABLE
Vers une évaluation équitable en Pentabond aux examens EPS
Démonstration de l'inéquité du système de notation actuel et proposition de barème équitable
L'analyse du référentiel de notation du Pentabond au baccalauréat, montre la prédominance de la performance pour l'établissement de la note à l'examen.
Ainsi, 16 points sur les 20 attribués pour noter l'épreuve sont obtenus grâce à un barème ne mesurant que la longueur du saut.
La note obtenue par le candidat est directement liée à une performance qui ne tient compte ni du poids, ni de la taille de celui-ci, ni de facteurs liés aux conditions matérielles durant l'épreuve.
Ainsi, un candidat très grand aura la même note en faisant 5 grands pas qu'un candidat très petit réalisant un Pentabond avec une grande vitesse initiale conservée sur les 5 bonds réalisant la compétence attendue.
De même, deux candidats de même taille mais de poids différents n'auront pas la même possibilité d'atteindre le même niveau de performance.
Le même élève avec un sac à dos chargé à 20 kg réalisera-t-il la même performance que sans la surcharge ? Sera t-il moins compétent que lui-même ?
D'autres facteurs rentrent également en ligne de compte quant à la prise de performance :
L'altitude (la pression atmosphérique) n'aura pas la même influence à Paris qu'à Mexico
Le vent (de face, de dos, de travers) facilite ou entrave la création de vitesse initiale donc modifie la portée des sauts.
La réactivité du sol (sol élastique, meuble, dur, mou) restitue ou absorbe l'énergie de l'impulsion.
La poussée d'Archimède (en milieu sec ou humide) rendra le corps plus léger ou plus lourd.
L'équipement du candidat (chaussures à pointes, souplesse des semelles) aura également une influence importante sur la qualité de l'appui et du griffé.
Conclusions sur l'épreuve actuelle de Pentabond aux examens EPS
L'inéquité est flagrante face à l'examen dont nous rappelons ici que ce n'est ni une épreuve olympique ni un concours fédéral. La mesure de la seule performance ne peut être qualifiée de pertinente pour mesurer le degré d'acquisition d'une compétence en saut.
Actuellement, le niveau de compétence acquis des candidats aux examens est assimilé à une performance dont on ne maîtrise aucun des paramètres de sa réalisation.
Démarche adoptée pour rendre équitable l'évaluation des compétences athlétiques et notamment du Pentabond.
La nécessité de rendre équitable cette épreuve nous oblige à redéfinir les modalités de son passage en nous centrant exclusivement sur la mesure du degré d'acquisition de la compétence de l'élève. La mesure de la performance doit être en lien direct avec le niveau compétence attendue.
Autant il est difficile d'imposer à tous les professeurs de faire passer l'épreuve aux élèves dans des conditions égales de pression, de température, de vent, d'hygrométrie et de réactivité de l'appui en fonction du type de sol, autant nous pouvons nous intéresser à rendre juste le barème de performance en le relativisant en fonction du poids et de la taille de chaque élève au moment de l'épreuve .
C'est l'objet de cette étude qui nous amène aujourd'hui, grâce aux sciences physiques et aux nouvelles technologies (le tableur numérique), à proposer un barème équitable pour cette épreuve quelque soit le poids et la taille du candidat. Dans notre problématique, les autres paramètres du saut seront négligés car trop complexes à modéliser.
Démarche adoptée pour rendre équitable l'épreuve de Pentabond aux examens.
Elle se base essentiellement sur le concept suivant :
La performance, seule trace mesurable dans un contexte scolaire de la complexité gestuelle du Pentabond, se doit d'être l'expression de la compétence attendue et la note attribuée au candidat se doit de refléter le degré d'acquisition de cette compétence.
Pour réussir cette tâche, il a fallu
Définir scientifiquement la compétence « Pentabond »
Déterminer l'échelle de niveau d'acquisition de la compétence pour l'examen
Dégager des paramètres de la performance les plus pertinents qui serviront de support à l'établissement d'un barème équitable
Définition officielle de la compétence « réaliser un Pentabond »
à la définition officielle (BO n°31 du 6/09/07) peu mesurable en degré d'acquisition : « Conduire un projet d'amélioration technique afin de réaliser, en un nombre limité de tentatives, la meilleure performance, en utilisant un élan complet pour communiquer au corps la plus grande vitesse horizontale, et conserver lors de la réalisation du saut la plus grande part de celle-ci, tout en produisant des composantes de vitesse verticale optimales au regard de l'épreuve. »
Nous préférons celle-ci car plus scientifique et reposant sur une observation des productions motrices d'athlètes de haut niveau et de leur étude balistique.
Nouvelle proposition de définition du Pentabond :
Le pentabond consiste en la production de 5 sauts consécutifs dont le premier est un cloche-pied avec un angle d'envol régulier de 20° en conservant la plus grande vitesse horizontale possible et en produisant la poussée verticale nécessaire à l'envol.
La modélisation du saut qui permettra de mesurer le degré d'acquisition de la compétence par extraction depuis la performance mesurée des valeurs des portées successives et de la poussée verticale les ayant générées.
Données théoriques :
Le Pentabond peut se définir comme la somme de 5 portées et de 5 longueurs dues au déplacement du centre de gravité entre les phases aériennes (appel et amortissement).
v0 étant la vitesse initiale du bond , α l'angle d'envol de 20° défini ci-avant
L'impulsion de chaque saut imprimant un angle d'envol étant une force mesurable : (F=mg+ma) sera calculée et extraite de la performance pour servir de référence pour l'établissement du barème.
Chaque performance peut être traduite théoriquement comme 5 portées + 5 déplacements du centre de gravité en phase d'appui au sol.
Pour chaque saut, l'impulsion à donner n'est pas égale pour des personnes de poids différent et peut se calculer grâce à la relation suivante en considérant que le temps d'impulsion est égal à 0,3s
Ainsi, pour le même Pentabond de 17m réalisé deux élèves ; l'un référent de 70kg et l'autre de même taille mais pesant 90 kg, le premier aura produit une impulsion à chaque bond égale à 949 N alors que le second aura lui produit des impulsions de 1220 N.
Ce tableau montre que pour une même performance l'impulsion nécessaire est très différente selon le poids de l'individu
Le poids de l'élève sera pris en compte dans le nouveau barème sous la forme d'un coefficient de performance établi en rapport à son IMC .L'élève lourd pourra accéder à la même évaluation que le référent sans avoir à produire d'impulsion supplémentaire.
Pour l'exemple pris ci-avant, l'élève de 90 kg n'aura à réaliser qu'un Pentabond de 14,9m pour obtenir la note 8 sur 8 en performance .Le référent devant lui réaliser la performance actuelle du barème qui est de 17m.
Pour vérifier la validité de ce barème, nous pourrions faire sauter le référent une fois à vide et une seconde fois avec une surcharge de 20kg.
Détermination d'un référent morphologique pour la création du nouveau barème qui permettra d'établir la relation avec le système de notation actuel.
Le lien doit être établi entre le barème actuel et celui qui sera défini.
Un référent de taille moyenne et d'IMC[1] compris entre 20 et 22 est défini par genre pour ancrer le nouveau barème dans l'ancien.
Le référent masculin est un élève de 1,80m pesant 70kg, le référent féminin est une élève de 1,62m pesant 54 kg .Le barème équitable sera établi à partir des performances théoriques de ces référents rapportées au barème actuel. Le barème actuel ne reste donc pertinent que pour ces référents.
Établissement du barème équitable basé sur la réalisation d'un Pentabond sans discrimination de taille ni de poids.
Prise en compte du poids :
L'IMC[1] de chaque élève est calculé et générera un coefficient qui sera appliqué à sa performance en termes de portées théoriques.
Prise en compte de la taille :
La performance Pentabond réalisée est ramenée à la valeur de 5 portées théoriques de sauts à 20° en lui soustrayant la valeur des déplacements générés lors des phases d'appui au sol ( phases d'amortissement et phase d'impulsion. La performance est ainsi ramenée à la somme des déplacements du centre de gravité lors des phases aériennes.
Méthode mathématique et utilisation du tableur numérique pour calculer la note du candidat lambda.
La performance du candidat est mesurée et est égale à 5 portées + 5 pas à 20°.
Le tableur soustrait à la performance la valeur des déplacements horizontaux du Centre De Gravité et établit la valeur théorique des 5 portées à 20° selon la formule
A cette valeur est appliqué le coefficient d'IMC calculé
Cette nouvelle valeur de portées est alors comparée à la réalisation théorique du référent sur 5 portées.
La note attribuée à l'élève sera celle qui aurait été celle du référent s'il avait produit ces 5 portées coefficientées.
Fiches barèmes pour le bacPro à télécharger :
pentabond_filles.xls pentabond_garçons.xls
Pour utiliser ce tableur sans prendre en compte l'imc[1], il suffit de saisir les données du référent .
Mise en place du barème équitable et Impact sur la santé
Ces calculs sont faits directement grâce à l'application numérique en ligne.
Il suffit donc de renseigner les valeurs des sauts réalisés, la prédiction de la moyenne des 3 meilleurs sauts, la taille et le poids du candidat pour obtenir immédiatement une note conforme au référentiel national mais qui prendra en compte sa taille et son poids.
L'épreuve sera rendue équitable et seule la compétence propre du candidat aura été prise en compte pour établir sa note à l'examen.
La performance relative est devenue l'expression du niveau de compétence atteint par l'élève quelque soit sa morphologie.
Conséquences pour la préservation de la santé des élèves en surpoids :
La poussée verticale (impulsion) au sol nécessaire à la transformation de la vitesse horizontale en angle d'envol est directement proportionnelle au poids de l'individu (F= ma+mg ) (a=accélération verticale ;g= accélération de la pesanteur)). Le tableau ci-après nous montre que selon le poids de l'élève, à taille égale, à vitesse égale, la force nécessaire pour produire l'angle d'envol est beaucoup plus importante chez l'élève en surpoids .Les traumatismes engendrés par l'impulsion sont d'autant plus importants que le poids de l'individu est grand.
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Un élève de 100kg va réaliser 5 impulsions à 135 kg pour obtenir le même déplacement horizontal qu'un élève de 60 kg qui n'aura lui qu'à donner 5 impulsions de 81 kg.
Notre barème équitable n'imposera plus à l'élève en surpoids de fournir une pression supplémentaire par rapport à un quelconque autre élève moins lourd.
Conséquences institutionnelles et sociales de ce concept :
La commission d'harmonisation régulant les écarts de note dus aux diverses discriminations n'a plus lieu d'être organisée car les notes obtenues par les candidats sont l'expression de leur compétence.
Le barème est explicite et disponible à tous. La transparence de la méthode d'évaluation donne toute sa crédibilité à la discipline EPS et à la certification aux examens.
Le candidat auparavant en difficulté en EPS peut reprendre confiance en l'institution.
Les demandes de dispenses de certains élèves en surpoids seront moins nombreuses ce qui participe à la lutte contre le décrochage scolaire.
La cible (avoir une note satisfaisante et juste) est accessible à tous .Tous les élève ont accès à une valorisation de leur investissement et une reconnaissance de leur savoir faire par l'institution.
Il n'y a plus d'appréhension pour les élèves à choisir cette épreuve
Chaque élève reconnu pour ses compétences mises en œuvre n'est plus évalué négativement du fait de sa morphologie.
Les valeurs de la république sont implicitement transmises par le corps professoral porteur de leur expression sur le terrain de l'éducation nationale. Réussite, valorisation des compétences, reconnaissance des savoir faire, respect des personnes, tolérance et acceptation des différences sont contenues dans ces quelques formules mathématiques.
Remerciements :
Le corps d'inspection en la personne de gilles Grosdemange pour son soutien pour mes recherches
Les collègues contributeurs et correcteurs critiques de ces travaux : Pascal Delas , Daniel Maxy, Fabrice Bruchon
Les étudiants Master 2 : Céline Dorsy, Alexandre Larsonneur, Vincent Leservot qui ont participé à la validation de ce concept .
Les élèves du Lycée Laplace de Caen de l'année 2009 premiers bénéficiaires testeurs sur le terrain de cette démarche inhabituelle.
Bernard Quesnel